Les corporations de transport par étape dans le Liechtenstein à la fin du 18e siècle

(Das Rodfuhrwesen im Fürstentum Liechtenstein. Eine verkehrsgeschichtliche Studie mit besonderer Berücksichtigung des späten 18. Jahrhunderts)

La Landstrasse du Liechtenstein était une voie commerciale importante qui reliait la région du Lac de Constance aux Grisons. Cette route, passant par Balzers et St. Luzisteig, était souvent en mauvais état et à peine praticable, comme l’attestent, encore à la fin du 18e siècle, les plaintes des voituriers. On penserait que les habitants de la région étaient intéressés au bon entretien de cette voie de communication: laugmentation du volume des échanges commerciaux n’était-elle pas propice à la création de nouveaux emplois? Le portage par des bêtes de somme constituait en tout cas une source de revenus lucrative pour les paysans.
Les transports étaient organisés selon un système corporatif appelé Rodfuhrwesen. A chaque paysan-voiturier était attribué un tronçon qu’il devait effectuer dans un ordre prédéterminé. Toute la coordination incombait à un fonctionnaire spécialisé, le Hausmeister, qui s’occupait de la rémunération des voituriers et surveillait les magasins où étaient entreposées les marchandises. De tels entrepôts (Sust) existaient à Feldkirch, Schaan, Balzers et Maienfeld.
Les frontières ne constituaient pas un obstacle majeur pour ces échanges. Il était courant qu’un voiturier de Feldkirch (Autriche) déposât sa marchandise dans la Principauté, ou qu’un Liechtensteinois se déplaçât sur les routes grisonnes ou autrichiennes. La législation des transports (Rodordnungen) prévoyait d’ailleurs le trafic lointain que dominaient les Strackfuhrleute autrichiens. Leur nombre, formellement limité, était en réalité souvent supérieur à ce que fixait la loi. Au 18e siècle, les commerçants des villes sélevèrent de plus en plus contre cette concurrence rurale accusée dêtre lente et peu fiable. Beaucoup y trouvèrent toutefois leur profit, comme les cabaretiers situés le long des routes ou les seigneurs qui percevaient une taxe sur le vin Umgeld) débité dans ces établissements. Le produit de cette taxe est d’ailleurs un indice précieux pour se faire une idée de l’importance du trafic sur telle ou telle route.

Erschienen in: traverse 1999/2, S. 55