Education, négligence, abus. Violence domestique et enfants places dans le canton d'Uri au 19e siècle

Au 19e siècle, dans le canton d’Uri, la violence domestique contre les enfants est rarement répertoriée. Des 488 dossiers traités par le bureau du juge d’instruction et analysés par l’auteure, seuls huit font état de poursuites suite à des violences domestiques à l’encontre des enfants ou font indirectement référence à ce type de violence dans le cadre dune autre plainte.
Cette contribution clarifie donc d’abord les conditions qui ont débouché sur le traitement judiciaire de tels cas. Il ressort que ces cas sont presque toujours associés à des mauvais traitements ou des négligences dune extrême gravité et interpellant l’intérêt légal général. Les rapports entre le milieu social, la parenté, le voisinage ou le village et la famille concernée jouent un rôle central dans les conclusions de la plainte. L’étude montre que la manière dont l’environnement social et les autorités sont intervenus si jamais ils interviennent) pour les enfants victimes de violences, na pas seulement varié en fonction du statut social de la famille, mais a aussi évolué dans le temps.
En revanche, le discours pédagogique visant la « correction » des enfants et qui donne aux parents un droit fondamental à la violence physique pour réprimer les fautes infantiles s’est révélé être dune grande permanence au fil du temps tout en montrant une certaine capacité d’adaptation. Ce discours a été déterminant
pour fixer les conditions et les possibilités de parler devant la cour de justice de la violence domestique et pour déterminer si les incidents familiaux pouvaient être appréhendés comme délits pénaux.