Dans les communes du bas Moyen Age, les bannières conquises pendant la guerre étaient exposées à l’intérieur des églises. L’annonce de la prise des drapeaux et de leur présentation figuraient dans les chroniques qui étaient déposées dans les archives. Lors de rencontres diplomatiques, les bannières pouvaient être retirées des églises, voire détruites. Si les drapeaux étaient déposés à l’intérieur des églises, autrement dit dans l’espace public, les chroniques étaient en revanche sous traites au regard du public et placées entre les mains des élites, qui contrôlaient ainsi l’accès à la mémoire écrite et par là-même son interprétation. Les chroniques ne sauraient simplement évoquer l’« histoire ». De même, les bannières ne sauraient se réduire à de simples objets dans lesquels se fixe la mémoire sociale. Sans l’histoire écrite, les bannières n’auraient pu devenir des monuments rappelant un évènement précis. Inversement, le contenu de l’histoire est influence par les Supports matériels de la mémoire. Le souvenir, qui implique également un acte volontaire d’oubli, résulte toujours d’une action sociale. Aussi convient-il d’examiner en particulier le rôle que jouent les lieux de mémoire dans le combat pour le pouvoir.
(Traduction: Chantal Lafontant)