Call for Papers

traverse 2026/3: Echec

« L’histoire est écrite par les vainqueurs ». Cet adage, aujourd’hui souvent remis en question, renvoie à l’idée que les détenteurs du pouvoir ont la capacité d’imposer certains narratifs avec des prétentions de vérité historique. Mais si la production et la légitimité des récits historiques sont le produit de dynamiques de pouvoir, qu’est-ce qui rend certains récits  suffisamment puissants pour passer comme histoire acceptée, voire pour l’historicité-même ?

Ce numéro thématique a pour objectif d’aborder la perception et la représentation de l’échec et de proposer ce concept à la fois comme catégorie d’analyse et comme processus historique.

Réfléchir en termes de succès et d’échec pose inévitablement la question de leur détermination. Qui est capable de décider ce qu’est une réussite et ce qui fait faillite ? Sur la base de quels indicateurs ? L’appréciation et l’évaluation de phénomènes dépendent de critères qui peuvent varier selon l’époque et la perspective historique. Un prétendu échec peut ainsi être réinterprété comme un succès. Comment le concept d’échec a-t-il été employé dans le passé, et comment son utilisation a-t-elle évolué ?

Ces quelques observations invitent à examiner les dynamiques politiques, sociales et culturelles qui permettent à certains récits de perdurer et de gagner en légitimité au fil du temps. Le pouvoir et la capacité de créer des récits « victorieux » sont inégalement répartis, ce qui influence à son tour les traces qui subsistent dans la transmission documentaire. Pour les historien·nes qui dépendent des sources archivistiques, ces questions sont particulièrement importantes, car les acteur·rices perçu·es comme ayant échoué ont souvent également perdu la possibilité de laisser des traces – et encore moins de proposer une clé d’interprétation et leur propres narratifs.

Cette thématique appelle des contributions, dans différents champs et périodes de l’histoire (un rapport avec l’histoire suisse est encouragé mais pas exigé), qui reprennent l’échec comme catégorie d’analyse ou comme processus historique. Nous invitons ainsi à un renouvellement d’une approche qui a déjà été explorée.

Les contributions pourraient par exemple porter sur une ou plusieurs des questions suivantes :

  • Comment l’échec est-il interprété ? Quand et dans quels contextes l’échec est-il thématisé ? A quel niveau—individuel ou collectif—l’échec est-il expliqué ?
  • L’interprétation et la manière d’aborder l’échec dépendent-elles de différents groupes sociaux ou contextes ?
  • Comment l’échec est-il justifié ? Les raisons invoquées changent-elles avec le temps ?
  • Comment réagit-on aux échecs ? Les échecs politiques sont-ils transformés en succès ? La faillite d’une entreprise est-elle assimilable à un échec ?
  • Comment un récit d’échec s’impose-t-il ? Comment, en tant qu’historien·nes, traitons-nous les échecs présumés ?

Le dossier thématique sera publié dans le numéro 3/2026 de traverse. Les articles ne doivent pas dépasser 30’000 caractères (espaces compris) et seront évalués par les pairs (double aveugle). Vous trouverez les directives formelles et les instructions éditoriales ici.

Nous invitons les personnes intéressées à envoyer un abstract (600 mots max.), leur CV (court) et leur liste d’éventuelles publications en rapport avec le sujet avant le 15 avril 2025 à Damian Clavel (damian.clavel@uzh.ch), Thibaud Giddey (thibaud.giddey@unil.ch) et Maria Tranter (m.tranter@unibas.ch). Les auteur·es seront informé·es de la décision des éditeur·ices du numéro au plus tard le 15 mai 2025. La première version des manuscrits devra être soumise pour le 15 décembre 2025.n)

CfA Echec / Scheitern (traverse 3/2026) PDF