Silence dans la crise. Assistance et soins des malades du cancer en Suisse (1955–1980)

(Schweigen in der Krise. Fürsorge und Pflege Krebskranker in der Schweiz (1955–1980))

Entre 1950 et 1980, la manière dont la communication avec les malades est régie concernant leur diagnostic de cancer se modifie fondamentalement en Suisse alémanique: on dépasse la pratique de la dissimulation vers une pratique d’information «sincère». A l’origine de ce changement se trouve l’institutionnalisation d’une assistance du cancer organisée sur le plan fédéral. Ces nouvelles institutions ont été conçues pour conseiller, accompagner et fournir une aide financière aux malades du cancer. La manière dont les assistantes sociales mettaient en pratique le régime communicatif des médecins dans le contact quotidien avec les patientes et les patients et dans leurs structures respectives, variait beaucoup. Cela ne dépendait pas seulement de la proximité des institutions médicales, mais avant tout de l’attitude culturelle vis-à-vis du cancer, comme le montre la comparaison avec la Suisse romande. Les changements instaurés dans les années 1970 dans la manière dont les conversations avec les patients étaient menées, étaient étroitement liés à des processus profonds de transformation des relations d’autorité, de compétence et de pouvoir entre les différents acteurs impliqués dans le traitement médical et les soins des malades atteints du cancer. La remise en cause de la règle du silence établie par les médecins est ainsi en grande partie issue de la pratique de consultation et de la prise en charge dans l’assistance et les soins.

Erschienen in: traverse 2012/2, S. 125