De l’Egypte à Saint-Maurice: Le saint Maurice en Valais

L’abbaye de Saint-Maurice en Valais, malgré ses 1500 ans d’histoire pleine de ramifications transcontinentales, mène – dans une perspective transversale et postcoloniale – une existence à peine remarquée dans l’histoire suisse (article dans le DHS). Il pourrait pourtant être extrêmement instructif pour la recherche de se pencher sur l’abbaye et sur l’histoire de saint Maurice.

Selon la légende, Maurice est originaire de Thèbes, dans l’actuelle Égypte. En tant que chef de la légion thébaine, il aurait souffert le martyre à Agaune à la fin du 3e siècle. Au cours des 200 années suivantes, un lieu de pèlerinage chrétien central et précoce s’est développé autour de la tombe et des reliques de saint Maurice et, en 515, le fils du roi de Bourgogne, Sigismond, a initié la construction du monastère: le saint de Thèbes s’est avéré être un garant de succès local. Après une histoire transculturelle de 600 ans, qui a réuni à Saint-Maurice des personnes, des objets et des idées de Byzance à la Bourgogne, le transfert des reliques du Maurice «africain» dans la cathédrale de Magdebourg, initié par Otton I en 961, a sonné le glas de la provincialisation de Saint-Maurice. Alors que la châsse de Sigismond dans le trésor de la cathédrale de Saint-Maurice datant du 12e siècle adaptait le saint en tant que chevalier « ouest-européen », la sculpture du saint placée bien en vue à Magdebourg témoigne de son stéréotype culturel et visuel au 13e siècle en tant que saint «d’Afrique».

(I. Schürch)
(Traduction: I. Schürch et T. Giddey)