Cet article avance trois thèses. Premièrement, une perspective historique sur l’antiféminisme offre un grand potentiel pour le débat scientifique actuel, car l’antiféminisme y est largement interprété, même implicitement, comme un phénomène ahistorique, sans que l’on s’interroge sur les conditions historiques qui ont présidé à son émergence. Deuxièmement, les concepts fréquemment utilisés de «mouvement social» ou de «normes culturelles» pour expliquer le mode de fonctionnement de l’antiféminisme ne permettent de décrire que partiellement la diversité et la complexité de sa genèse historique. En effet, ces deux concepts ont été initialement élaborés dans le contexte de l’Empire allemand et reposent implicitement sur des conditions initiales spécifiques qui ne peuvent être directement transposées à d’autres contextes historiques. Troisièmement, cet article propose en conséquence une nouvelle approche qui comprend l’antiféminisme comme un modèle d’argumentation linguistique et l’illustre à l’aide d’exemples tirés du discours chrétien conservateur et du discours féministe de la République fédérale dans les années 1970.
(Traduction: Stéphanie Ginalski)