Images de l'autre - l'autre des images. Wolfgang Koeppen, la Mort à Rome: Littérature et théorie

(Bilder des Andern - Das Andere der Bilder. Literatur und Theorie anhand Wolfgang Koeppens «Der Tod in Rom»)

Prenant appui sur un texte littéraire, la présente contribution analyse le discours dominant sur l’altérité et propose, en recourant à deux modèles théoriques, une approche différente de l’autre. L’universalisme, qui exerçait une influence dominante au début des théories différentialistes s’inspirant de Derrida, ne semble plus occuper une position prépondérante. C’est le particularisme qui paraît occuper cette place, particularisme dans lequel l’insistance sur la différence se mue en proclamation d’anciennes ou de nouvelles identités, nécessairement fictives qui entraînent les conséquences dévastatrices que l’on sait. L’analyse proposée par Todorov du croisement de différentes altérités exige au contraire l’examen exact des jeux d’échanges entre diverses représentations de l’altérité qui accompagnent systématiquement la formation dune identité; la critique d’une partie seulement des représentations, par exemple des images exotiques ou racistes, reste toujours insuffisante.
Par ailleurs, l’image qui invite à la réflexion (Denkbild) de Benjamin, permet de présenter une approche qui pourrait éliminer les apories de la critique des images de l’altérité, l’hésitation entre censure des images et simple reproduction de ce qui est prétendument critiqué.
L’analyse du roman « La Mort à Rome » de Wolfgang Koeppen, écrit en 1954, montre de quelle façon les images de l’altérité peuvent être mises en relations, sans quelles perdent leur force suggestive et sans quelles soient simplement critiquées ou reproduites. De fait, grâce à une nouvelle mise en scène, c’est bien plus une capacité d’intellection, ancrée dans le présent, qui peut être éveillée et amenée à découvrir, par intermittence, les facettes cachées de ces images.

(Traduction: Felix Stürner)

Erschienen in: traverse 1996/1, S. 91