Incedies et identité bourgeoise. La perception des incedies urbains dans les chroniques des villes

(Brandkatastrophen und stadtbürgerliche Identität. Die Wahrnehmung von Stadtbränden in der städtischen Chronistik)

Au Bas Moyen Age et aux Temps modernes, les incendies faisaient partie intégrante de la vie urbaine. A l’appui de chroniques de villes, la présente contribution entend analyser ce thème récurrent de l’historiographie. Elle s’intéresse aussi bien aux petits incendies quaux sinistres majeurs qui entraînèrent la destruction de quartiers entiers, voire même de villes. Quand bien même les incendies dont les causes et le déroulement sont retracés avec le plus de précision possible résultent en partie de laction humaine, les chroniqueurs les associent, dans la manière même de présenter les faits et dans la valeur transcendante qu’ils leur attribuent maintes fois, à un ensemble de calamités en principe non maîtrisables; ces infortunes déterminent l’identité et les sentiments des bourgeois. Cette expérience vécue par l’ensemble des
habitants du bourg capte l’attention non seulement des villes meurtries, mais aussi des autres centres urbains. Elle fait en outre partie de la mémoire des villes, comme en témoignent les descriptions d’incendies advenus loin dans le passé. La fonction identitaire découle de l’évocation même de lincendie, dans la mesure où le sinistre permet de souligner l’engagement des autorités et encore plus celui de la communauté urbaine en matière de prévention et de lutte contre le feu. Par ailleurs, la lutte contre les incendiaires et les homicides offre l’occasion d’évoquer le rétablissement de lordre juridique bourgeois. Deux gros incendies dans le Frankenberg du pays de Hesse et le Schweinfurt de la Franconie permettent de rendre compte de la solidarité des bourgeois, de leur volonté de survivre, et par là même du renforcement de lidentité communale. Ces deux cas nous renseignent dans les moindres détails sur la détresse et les épreuves que traversèrent des hommes et des femmes. Ils nous montrent que c’est dans ce contexte que la communauté urbaine faisait ses preuves.

(Traduction: Chantal Lafontant Vallotton)

Erschienen in: traverse 2003/3, S. 130