Compter, mesurer et exposer. Les enjeux éditoriaux des études quantitatives


Éditer, sous la forme d’un article, une recherche quantitative est une démarche délicate: comment transmettre aux lecteurs et lectrices un nombre substantiel de données, d’explications méthodologiques tout en s’accommodant de la brièveté imposée par les revues scientifiques? Si ces injonctions à la concision s’expliquaient à une période où l’impression sur papier rendait cette contrainte difficilement surmontable, il est en revanche surprenant que le développement des outils numériques et d’internet ne nous ait toujours pas permis de la dépasser.
Au début de mes recherches sur l’histoire du profit dans l’industrie suisse au cours des 19e et 20e siècles, un des premiers objectifs a été de recenser les études ayant déjà mené des analyses quantitatives sur les profits d’entreprises. En explorant notamment les revues d’histoire économique, l’enjeu consistait à découvrir des méthodologies reproductibles, ainsi qu’à obtenir des données permettant d’établir des comparaisons. Cependant, au fur et à mesure de ma recherche, j’ai rapidement été confronté à deux problématiques liées à la modalité éditoriale de l’article scientifique: d’une part, des présentations lacunaires des données récoltées et calculées, d’autre part, des descriptions méthodologiques réduites au strict minimum rendant souvent impossible leur reproductibilité. Dans le cas des études quantitatives, cette injonction à la brièveté a pour conséquence de refréner la recherche en n’accordant pas suffisamment de place aux données, ainsi qu’à l’exposition des méthodes. L’une et l’autre sont pourtant nécessaires à la discussion, ainsi qu’à la transmission et reproduction de tels travaux.

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Erschienen in: traverse 2022/1, S. 122