« Le regard radiographique s'apprend à la sueur de l'observation »

(«Das Röntgen-Sehen muss im Schweisse der Beobachtung gelernt werden». Zur Semiotik von Schattenbildern)

L’introduction de la radiographie dans le diagnostic médical tout comme la diffusion et la réception d’images radiographiques ont suscité des débats sur le statut de la perception humaine, sur sa fiabilité et ses limites, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la communauté scientifique. Les radiographies devaient-elles être considérées comme des illustrations fidèles d’une réalité hermétique aux organes sensoriels ou au contraire comme des artefacts? Cette question fit l’objet de controverses. Les silhouettes, qui au départ donnèrent lieu à diverses interprétations, n’acquirent un statut scientifique qu’à la suite d’un long apprentissage. La « standardisation » et la reconnaissance scientifique de la technique radiographique impliquaient l’accord des scientifiques, des médecins et des infirmières sur des procédés « intersubjectifs » réglementaires et objectifs en vue de la production et l’interprétation d’images. Sur la base de cette thématique, l’auteure examine les pratiques épistémiques, autrement dit les activités des scientifiques, qui ont permis de réduire les incertitudes liées aux interprétations d’images, et ont ainsi contribué à la consolidation du savoir et facilité la diffusion de nouvelles connaissances scientifiques et techniques.

(Traduction: Chantal Lafontant)

Erschienen in: traverse 1999/3, S. 114