Industrie textile et transport dans le domaine médiéval de «Schoretshueb», Saint-Gall. L'apport de la micro-histoire à la recherche sur les activités accessoires en milieu rural

(Das Textil- und Transportgewerbe des mittelalterlichen Hofs «Schoretshueb», St. Gallen. Mikrogeschichte als wichtiger Zugang zur Erforschung des ländlichen Nebengewerbes)

L’intérêt commercial de la population rurale de même que les métiers ruraux annexes n’ont été que peu étudiés à ce jour. De ce fait, la vision de la ville et de la campagne en tant qu’entités diamétralement opposées, la première, progressiste, dominant la deuxième, arriérée, a longtemps perduré. Plus récemment, la focalisation de la recherche sur les acteurs ruraux a changé cette vision ville-campagne et permis de mettre au jour l’autonomie et l’importance de la population rurale. La Suisse nord-orientale de la fin du Moyen Age donne à voir cette évolution de manière exemplaire. A cette époque, la production agricole de la région autour de la ville de Saint-Gall était hautement spécialisée et axée sur l’échange et le commerce. Il s’y est formé trois régions de production complémentaires, dédiées respectivement à la culture céréalière, à l’élevage et à la viticulture. Parallèlement, aux 15e et 16e siècles, la région a connu un essor remarquable dans le domaine de la production de toiles de lin et du transport de ces toiles, un essor dont il est prouvé que la ville de Saint-Gall a pu profiter financièrement. Il est vraisemblable que la population rurale, en tant que fournisseuse de la matière brute, a elle aussi tiré des avantages pécuniaires de l’industrie toilière. L’étude micro-historique de l’industrie textile et du transport dans le domaine médiéval de Schoretshueb démontre qu’il est possible d’en apprendre davantage sur les activités annexes de la population rurale. Les livres de comptes de l’Hôpital du Saint-Esprit de Saint-Gall donnent une vue détaillée du développement économique de domaines agricoles individuels. Ils nous apprennent notamment qu’entre 1440 et 1570, Schoretshueb livrait chaque année du lin brut à l’Hôpital du Saint-Esprit, et que les familles habitant le domaine s’acquittaient d’une part notable des rentes à payer en nature (céréales) ou en espèces sous forme de services de transport. D’autres études micro-historiques permettraient d’insérer l’histoire de Schoretshueb dans un contexte régional plus large et de fournir de nouvelles connaissances sur les secteurs d’activité non agricoles dans l’espace rural.

Erschienen in: traverse 2014/2, S. 29