« La compagnie des écclesiastiques éclairés est en perte de vitesse chez les catholiques ». L'« ultramontanisation » dans le clerge suisse pendant le long « Kulturkampf » de 1830 à 1880

(«Die Firma der zeitverständigen Geistlichen stirbt aus». Die Ultramontanisierung des Schweizer Klerus im langen Kulturkampf von 1830-1880)

Il existe peu détudes sur le clergé suisse quand bien même celui-ci a joué un rôle prépondérant dans l’organisation et dans la propagation de l’ultramontanisme chez les catholiques. Au début de la période comprise entre 1830 et 1880, époque que l’on peut qualifier de long « Kulturkampf » le clergé suisse apparaît extrêmement hétérogène. A la fin de cette période, le parti fondamentaliste et fidèle à Rome l’emporte sur les courants libéraux et modérés. En prenant trois exemples, la première partie de cette contribution met en exergue les profondes différences qui existaient au sein des ecclésiastiques catholiques et de leurs organes, l’influence de ces divergences sur la politique ainsi que l’importance que revêt pour le monde laïc l’hégémonie ultramontaine sur le clergé. Elle montre également comment le clergé fut mis au pas et de quelle manière des ecclésiastiques dissidents sopposèrent à cette hégémonie. Dans la deuxième partie, l’auteur commente l’état de la recherche et analyse les principaux facteurs qui ont contribué à la propagation de l’ultramontanisme dans le clergé en se référant aux thèses de Max Weber sur le « pouvoir hiérocratique ». Sont étudiés: a) la manière de sacraliser et cléricaliser limage du prêtre; b) l’organisation et la discipline imposées au clergé; c) la formation du clergé selon une ligne fidèle à Rome ainsi que ses liens avec le changement de générations dans les années 1860; d) les transformations observées quant à l’origine sociale et géographique des membres du clergé, en totale opposition avec l’urbanisation, l’industrialisation et l’embourgeoisement de la société.

(Traduction: Chantal Lafontant)

Erschienen in: traverse 2000/3, S. 78