Outre l’Argentine et le Mexique, le Brésil est depuis toujours le plus important partenaire économique et commercial de la Suisse en Amérique latine. C’est surtout au cours des années 30 que les relations commerciales helvético-brésiliennes ont pris de l’ampleur. En effet, la Suisse a profité de cette période pour renforcer sa position par rapport au Brésil et pour entreprendre à ce jour les seules démarches en vue de réglementer les relations commerciales
bilatérales.
La question essentielle que pose ce travail est de savoir si la thèse selon laquelle la Suisse a tenté, en temps de crise, de compenser la d’iminution de l’activité commerciale avec les pays européens en renforçant les relations avec les pays d’outre-mer, vaut également pour la crise économique mondiale des années 30. Pour ce faire, il convient de distinguer deux niveaux: en premier lieu, celui de la politique commerciale suisse, en second lieu, celui des flux commerciaux réels.
Le Brésil a réagi aux effets de la crise qui a secoué le monde par un interventionnisme accru de l’Etat dans les échanges commerciaux. Par ailleurs, l’introduction du contrôle des changes contribua fortement à réduire le volume des échanges dans les relations bilatérales. De plus, la Suisse manifesta beaucoup d’intérêt à ce que le Brésil envisage une meilleure répartition dans l’attribution des devises. Bien que les importations aient été mises au service des exportations, le Conseil fédéral nestima pendant longtemps pas nécessaire de contingenter l’importation du café. La preuve en est que l’octroi de crédits à l’exportation se faisait au compte gouttes. L’année 1936 fut marquée par la conclusion d’un accord bilatéral au terme de longues négociations. Cet accord eut pour effet de dégeler les avoirs en marchandises détenus par la Suisse et de gonfler le volume des exportations helvétiques vers le Brésil. Et pourtant, cet accord visant à liquider les marchandises bloquées fut un coup dans l’eau, car les divers objectifs d’ordre économique de la Suisse se contredisaient. Il en résulta que les marchandises auraient pu être écoulées à meilleur prix et plus vite sans accord préalable.
Sur fond d’industrialisation croissante au cours des années 30, le Brésil na cessé de gagner en importance en tant que marché privilégié pour la vente de biens de production suisses. Ainsi, au regard des spécialistes suisses du commerce extérieur, le Brésil occupait le haut du pavé. Même si en termes de volume, les échanges entre les deux pays restèrent modestes durant les années 30, la rapidité de l’accroissement des échanges après 1945 repose sur les travaux entrepris avant la Seconde Guerre mondiale. Quoi quil en soit, pour la période examinée dans le cadre de ce travail, on retiendra que la Suisse était à la recherche de nouveaux débouchés au Brésil pendant les années 30.
(Traduction: Beatrix Stürner)