Les perceptions des desastres naturels à l'époque moderne. L'eruption du Vesuve en 1631

(Early Modern Perceptions of Natural Disasters. The Eruption of the Vesuvius in 1631)

Au début de l’époque moderne, les perceptions et les explications des désastres naturels constituaient une question particulièrement compliquée. Dans la mesure où les connaissances étaient souvent insuffisantes pour expliquer, de manière compréhensible, les causes des tremblements de terre, des éruptions volcaniques, des tempêtes ou des inondations, les perceptions de ces phénomènes pouvaient être très différentes. En fait, dans ce contexte historique, le terme de naturel est trompeur. Au début de l’époque moderne, ces phénomènes ne sont pas nécessairement liés à des processus naturels; la colère divine et les tromperies du démon sont également invoquées. Le concept de désastre naturel n’existe pas en tant que tel.
Une étude détaillée concernant l’éruption du Vésuve en 1631 montre que les désastres naturels pouvaient être expliqués de différentes manières; plus important encore, ces différentes explications pouvaient être avancées en même temps. Alors que la notion de jugement divin provoquée par les péchés humains prévaut dans la majorité des sources pour rendre compte déruptions volcaniques, un
certain nombre d’auteurs tentent de comprendre les mécanismes naturels de cedésastre.
En théorie, ces investigations philosophiques sur les causes naturelles des éruptions volcaniques sont incompatibles avec les explications religieuses soulignant que les péchés sont à l’origine de cette punition: réduits à une série d’effets naturels, les désastres n’inspirent plus la crainte du jugement divin. En pratique, toutefois, les explications naturelles et les perceptions supranaturelles de l’éruption volcanique ne s’opposent pas vraiment; elles forment plutôt différents niveaux d’analyse au moyen desquels le désastre peut être expliqué. Dans un grand nombre de traités philosophiques, les explications naturelles étaient en effet intégrées dans un cadre moral religieux.

(Traduction: Thomas David)

Erschienen in: traverse 2003/3, S. 50