Le temps et les autres au 16e siècle

(Eigene und fremde Zeiten im 16. Jahrhundert)

L’étude des écrits des missionnaires sur la représentation du temps chez les.peuples noneuropéens à l’époque moderne amène à prendre conscience de logiques.hiérarchisées que l’on rencontre aussi dans l’historiographie du 20e siècle.quand il est question de représentation du temps à l’époque moderne. Au lieu.de considérer le temps comme une donnée unique intangible, le présent article.examine le contexte de ces écrits sur le temps, pour déterminer dans quelle mesure.ils servaient (ou servent) la prétention à la supériorité culturelle en vue de définir.des représentations de soi spécifiques. Dans leurs écrits concernant d’autres temporalités,.les missionnaires manifestaient aussi leur appartenance à leur propre.temps, par le fait qu’ils classaient ce qui était étranger dans une catégorie pouvant.être objectivée et hiérarchisée dans le plan du salut divin. Quand les missionnaires.offraient des montres, ils mesuraient l’accélération de la proximité dans.l’économie du salut, et non celle du progrès théorique. Le progrès n’était pas le.but d’une histoire dont le degré de développement serait fondé sur la technique,.mais la technologie était plutôt un moyen d’accélérer le plan du salut. On ne peut.donc pas interpréter le don de ces montres comme l’exportation de la précision.de la mesure du temps. De ce fait, au lieu d’avaliser les récits historiographiques.mettant en jeu la perception du temps, il convient d’examiner les perceptions.temporelles multiples des acteurs historiques eux-mêmes.

Erschienen in: traverse 2016/3, S. 25