Un risque unsupportable? Les catastrophes naturelles vom declencheurs de processus d'apprentissage: la naissance de l'assurance des dommages dus aux éléments naturels en Suisse

(Ein untragbares Risiko? Naturkatastrophen als Auslöser für Lernprozesse: die Entstehung der Elementarschadenversicherungin der Schweiz)

En retraçant la genèse de l’assurance des dommages dus aux éléments naturels, il s’agit ici de montrer l’effet des catastrophes naturelles sur le déclenchement de processus économiques, politiques ou sécuritaires paradigmatiques, eux-mêmes susceptibles de modifier le rapport au danger.
A l’exemple du canton de Vaud, on observe que ce changement d’attitude s’échelonne en plusieurs étapes dans un apprentissage pourtant dépourvu de continuité. Ainsi, plusieurs situations de détresse, à l’instar de l’ouragan de 1890, des inondations de 1910 et des avalanches de 1923/ 24 amenèrent à douter de la possibilité d’assurer les risques naturels. Il fallut presque 40 ans et l’expression d’une évidente volonté tant politique que sociale, pour que Vaud institutionnalise un projet conçu en 1890 déjà. De fait, en 1926, le canton élargit l’assurance incendie aux risques naturels et se dota ainsi de la première assurance de ce genre en Suisse; en un modèle destiné à inspirer l’assurance en droit privé, comme d’autres gouvernements helvétiques ou étrangers.
Ce nouveau rapport aux dangers est aujourdhui inscrit tant dans les institutions que dans les idées. Ce double ancrage apparaît clairement dans le recours officiel aux instruments de minimisation des risques face aux menaces engendrées par les technologies atomiques ou génétiques. En outre, les débats actuels concernant leur caractère assurable suivent une ligne argumentative comparable à celle de la discussion qui agita le canton de Vaud entre 1890 et 1926 signalant ainsi l’inscription idéelle de ce vieux combat pour plus de «sécurité».
(Traduction: Irène Herrmann)

Erschienen in: traverse 2003/3, S. 100