« Si l'amitié avec les animaux existait, je pourrais alors dire: ici repose mon ami ». Les épitaphes pour les animaux dans les jardins du 18e siècle

(«Könnt' man mit Tieren Freundschaft haben, so läge hier mein Freund». Grab- und Denkmäler für Tiere in Gärten und Parks des 18. Jahrhunderts)

Il n’était pas rare au 18e siècle de voir, dans des jardins, des épitaphes et inscriptions funéraires pour des animaux domestiques ou de compagnie. Loin des discours virulents des Lumières sur les dimensions morales et éthiques de la relation homme-animal, c’est ainsi que se manifestait une remarquable culture du souvenir envers les animaux, dans l’immédiate proximité de vie et d’habitat des acteurs qui étaient, pour la grande majorité, des nobles. Une telle pratique est souvent considérée par la recherche comme un précédent direct à l’établissement de cimetières publics pour animaux aux 19e et 20e siècles.
Dans la présente contribution, ces monuments funéraires pour animaux des jardins de nobles du 18e siècle sont considérés comme des sources susceptibles de documenter en profondeur notre compréhension de la relation entre l’homme et l’animal. L’un des aspects traités vise à savoir dans quelle mesure les animaux influencent l’homme non seulement durant leur propre temps de vie, mais aussi après leur mort. Une première réponse est apportée à cette question par le biais des théories liées à l’aménagement des jardins. L’article éclaire tant l’importance du paysage horticole comme lieu du souvenir et du repos funéraire que la réflexion sur cette pratique, à partir de la littérature sur les jardins et des ouvrages sur l’art de ces derniers. Cest aussi par le biais d’études de cas portant en particulier sur les épitaphes pour chiens et chevaux dans les jardins anglais et allemands que l’article explore les expressions visuelles et textuelles relatives à cette pratique, de même que leur saisie en tant qu’objets d’histoire, voire d’histoire de l’art.

(Traduction: Frédéric Joye- Cagnard)

Erschienen in: traverse 2008/3, S. 29