Crise au pays de la villégiature par excellence

(Krise im Reiseland par excellence. Zum Umgang mit Krisen von Hotellerie und Fremdenverkehr in der Schweiz)

La contribution met en lumière les attitudes face à la crise du tourisme en Suisse entre 1930 et 1936. Ces deux dates délimitent la période que les acteurs concernés considérèrent comme une nouvelle période de crise. Cette datation de la crise des années trente se fonde en grande partie sur les chiffres de l’hôtellerie: le recul du nombre de visiteurs étrangers à partir de 1930 en marque le début, la d’évaluation de 1936 qui rendit la Suisse à nouveau abordable aux bourses étrangères en symbolise la fin. La Société Suisse des Hôteliers SSH) qui avait formé un cartel dès la fin de la Première Guerre mondiale représentait les intérêts de l’hôtellerie. Au cours de la crise des années 30, le mot d’ordre principal se résuma à nouveau au maintien dun soi-disant niveau correct des prix. La réaction de la SSH fut globalement défensive en ce quelle pratiqua avant tout une politique de sauvegarde de l’hôtellerie de luxe qui tenait alors le haut du pavé en Europe. Parallèlement à l’utilisation massive des subventions fédérales en vue d’assainir l’hôtellerie, la solution adéquate pour surmonter la crise consista donc à maintenir une qualité de service et un niveau des prix correspondant. Etant donné l’importance incontestée de l’hôtellerie pour l’ensemble de l’économie, ces subventions avaient été octroyées sans autre.
Au contraire de ce qui se passa durant la crise du début des années vingt, la rapide chute du nombre de touristes engendra un processus de concentration dans la branche hôtelière: cest ainsi quelle se dota, en 1932, d’une organisation faîtière, la FST Fédération Suisse du Tourisme) qui faisait défaut jusque- là.
Les intérêts de cette organisation portèrent moins sur la préservation des acquis que sur une nouvelle prise de conscience face au tourisme. Elle adopta une politique dingérence. Se considérant comme un instrument de la politique touristique de l’Etat, elle simmisça dans la politique étrangère: il en résulta un certain nombre de traités bilatéraux qui autorisaient la continuité du tourisme provenant de pays pour lesquels le trafic de devises était limité. A l’intérieur du pays, ceci conduisit au regroupement administratif des questions liées au tourisme.
Cependant, la fédération se chargea également de promouvoir l’image du tourisme auprès de l’ensemble de la population. Cest sur la base de ce nouvel intérêt que l’on sollicita pour la première fois officiellement le public suisse afin de l’inciter à voyager et à prendre des vacances en Suisse. L’institutionnalisation de la formation, ainsi quune approche plus théorique dans le domaine du tourisme ne sont pas le moindre des acquis de cette politique de crise de la FST. Les efforts de cette dernière, tournés vers l’avenir, porteront finalement leurs fruits au cours des années de crise de la Seconde Guerre mondiale qui se placèrent sous le signe du « réarmement » touristique.
Quoi qu’il en soit, l’avenir est de toute manière un élément essentiel et dialectique dans la discussion sur la « crise ». Les deux conceptions de la crise esquissées dans cette contribution celle qui consiste à camper sur les acquis en considérant la crise comme un dérangement passager de la normalité et celle qui voit la crise comme le début dun avenir prometteur se référaient au même discours portant sur une Suisse naturellement bénie des dieux. La référence aux éléments naturels avant tout les Alpes n’officia pas seulement en tant que garantie de la continuité, mais au-delà, elle alimenta également la conscience d’une particularité qui ouvrait des perspectives sur un avenir radieux.

(Traduction: Félix Stürner)

Erschienen in: traverse 1997/1, S. 81