L’almanach, tel qu’il existe aujourd’hui encore sous forme du « messager boiteux » s’est constitué durant la seconde moitié du XVIIe siècle. Ses précurseurs disposaient d’un calendrier, où étaient dispensées des recommandations pour des traitements médicaux et des prévisions météorologiques établies à partir de calculs astrologiques. Ils contenaient en outre des conseils pratiques relatifs aux travaux saisonniers, qui reposaient également sur l’astrologie. L’almanach historique introduit comme nouveauté un aperçu rétrospectif des événements de l’année écoulée; ceux-ci étaient sélectionnés en fonction de leur caractère divertissant. Des gravures sur bois illustraient ces textes. Le calendrier ne contenait que rarement des informations de nature scientifique. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les auteurs communiquaient de plus en plus fréquemment à leurs lecteurs les innovations médicales et agricoles qui pouvaient trouver une application pratique. De façon générale, les nouveautés n’étaient que rarement évoquées, si ce n’est pour commenter des phénomènes pour lesquels circulaient des explications que la bourgeoisie éclairée du XVIIIe siècle considérait être de « dangereuses superstitions ». Parfois, les innovations techniques étaient également présentées comme des curiosités qui devaient épater et distraire le public. Dans cette catégorie figurent par exemple le compte-rendu de la démonstration à Zurich, en 1753, d’une machine électrostatique, ou la nouvelle du premier vol des frères Montgolfier en 1783, à Paris.
L’almanach n’avait pas pour but d’éduquer les lecteurs; il visait à atténuer ponctuellement leur ignorance en matière de nouvelles connaissances scientifiques. Cependant, l’effet de ce type de contribution ne doit pas être surestimé, étant donné que la demande portait surtout sur les conseils pratiques, les prévisions météorologiques et les divertissements. L’almanach revêt toutefois une importance dans la mesure où il ouvre la voie à l’éducation populaire.
Dans le cadre de la vulgarisation des notions médicales héritées de l’Antiquité qui mêlaient astrologie et médecine, les symboles et les images du calendrier jouaient un rôle capital (fig. 1 et 2). Les gravures qui illustraient le récit des événements passés n’avaient pas un caractère informatif, mais devaient éveiller l’intérêt des acheteurs (fig. 3 et 4).
(Traduction: Thomas Busset)