Les regions péripheriques prises au piege autoroutier

(Randregionen in der Autobahnfalle)

En politique, les autoroutes font figure de moteurs du développement des régions économiquement faibles. Implicitement, on postule quune économie régionale profite automatiquement de la construction d’une autoroute. Les économistes ne sauraient souscrire à cette vue des choses. De nombreuses analyses économiques parviennent à la conclusion que les effets de l’extension du réseau autoroutier sur les régions périphériques sont sujets à caution. Les effets positifs mis à jour sont faibles alors que des effets négatifs sont toujours possibles. Dans les débats politiques qui accompagnent la construction de tronçons autoroutiers dans des régions telles que le Jura ou le Valais, ces résultats sont plus ou moins ignorés. Cette circonstance ne peut pas être expliquée d’un point de vue économique, c’est pourquoi il est fait appel à deux modèles explicatifs empruntés aux sciences politiques. Le premier part du principe que les politiciens appuient leurs décisions sur des théories implicites, qui ne sont pas vérifiées empiriquement et garantissent par là une certaine immunité face à d’éventuels échecs. La seconde tentative d’explication renvoie aux théories économiques du monde politique. Selon cette approche, le comportement des politiciens s’expliquerait par leur souci de maximiser leur profit. Ainsi, la construction d’une autoroute peut être interprétée comme la volonté de satisfaire l’électorat local. Vu les coûts élevés des infrastructures routières, on peut se demander s’il n’existerait pas des investissements plus appropriés, à même de soutenir les économies périphériques tout en satisfaisant l’électorat régional. Ces alternatives existent. Elles sont cependant difficiles à mettre en oeuvre du fait du contexte politique. La politique régionale se trouve prise au piège autoroutier: elle semble condamnée à poursuivre dans la voie tracée afin de drainer de l’argent dans les régions, parce que des alternatives (plus efficaces) restent ignorées. Il faut se demander sil n’existerait pas, malgré tout, des issues au piège autoroutier? Le présent article en esquisse deux.
Premièrement, il savère indispensable de procéder à une analyse économique minutieuse des projets en gestation. Une telle approche fait aujourdhui amplement défaut. On ne dispose donc jusque-là d’aucun indice permettant d’évaluer les effets potentiels positifs ou négatifs des projets. En deuxième lieu, il convient d’une part d’examiner des alternatives et d’autre part de trouver des mesures permettant de compenser le redimensionnement ou l’abandon pur et simple des projets autoroutiers. De cette façon, il serait possible délargir la marge de manoeuvre dont disposent les politiciens et de promouvoir plus efficacement les économies locales.

(Traduction: Thomas Busset)

Erschienen in: traverse 1999/2, S. 192