Reconstructions de photographies de paysages historiques. L'apport d'une nouvelle méthode au discours sur l'histoire de l'environnement

(Rekonstruktionen historischer Landschaftsfotografien. Der Beitrag einer neuen Methode zum umweltgeschichtlichen Diskurs)

Dans les représentations historiques, les photos se voient attribuer en première ligne une simple fonction illustrative. De cette manière, on nie la qualité spécifique du visuel, qualité qui ne peut pleinement s’exprimer au niveau d’une représentation linguistique. Dès lors, le débat théorique et méthodologique concernant le traitement de sources photographiques na guère avancé. Une discussion théorique sur les sources photographiques doit prendre en considération les rapports mutuels et complexes entre perception visuelle et représentations sociales. Les observateurs ne peuvent pas se limiter à l’interprétation de ce que la caméra a fixé, mais ils doivent notamment saisir les intentions et les capacités de celui qui photographie, et prendre en considération l’état de la technique photographique de l’époque.
Les photos portent l’empreinte de l’ambivalence téléologique Ortoleva) entre une intentionnalité discursive et une simple conservation et reproduction de la réalité. Mieux que d’autres types de sources, la photo peut réunir ces deux aspects.
Les possibilités d’utiliser la photographie dans les études sur l’histoire de l’environnement sont multiples; le travail présent se borne à développer une analyse comparatiste d’images prises par des photographes professionnels devant servir à la reconstruction de paysages historiques. La fondation «Documenta Natura » en particulier sest spécialisée dans de telles reconstructions.
L’avantage décisif de cette méthode réside, en plus de la précision qui rend possible des comparaisons, dans le caractère synthétique de la perception humaine qui offrent ces images. Il est par exemple plus aisé de montrer de cette façon les marques laissées sur le paysage par la construction de routes quavec les méthodes quantitatives traditionnelles.
Les résultats obtenus en comparant des photographies permettent d’enrichir le discours souvent hermétique des historiens et historiennes sur les notions de nature et de paysage dans la mesure où ils mettent en évidence la dynamique de la transformation du paysage. Le « Paysage » peut ainsi être appréhendé, à l’écart aussi bien d’une approche déterministe de l’environnement que du constructivisme social, comme le résultat de rapports mutuels complexes entre des constructions anthropogéniques et des processus naturels.

(Traduction: Chantal Lafontant)

Erschienen in: traverse 1997/2, S. 69