Colliers de wampum et chapeaux en castor. Usages de l’argent et de la mode dans les colonies de la Nouvelle-Néerlande

(Sewantketten und Castorhüte. Gebrauchspraktiken von Geld und Mode in der Kolonie Nieuw Nederland)

Au XVIIe siècle, sur les marchés de la colonie de Nouvelle-Néerlande, dans les commerces des grandes colonies à Nieuw Amsterdam et de l’actuelle Albany, on employait soit des perles wampums (Sewant/Sewan en néerlandais) soit des peaux de castors pour payer, faire les comptes ou s’endetter. Avec ces deux ressources locales, on pouvait également exprimer au XVIIe siècle sa conscience de la mode ou son statut. Par le port de colliers et de ceintures en wampum, de chapeaux ou d’amulettes en castor, les indigènes comme les commerçants et les commerçantes européen·ne·s exprimaient leurs liens globaux, leur richesse monétaire et leur statut social. Cependant, la production et la transformation des ressources pour la mode, et comme ressource monétaire, demeura toujours entre les mains des communautés autochtones. Elles disposaient de l’expertise concernant la chasse au castor et l’obtention de wampums. L’analyse des pratiques d’utilisation de wampums et de castors dans la Nouvelle-Néerlande montre que les narrations classiques du progrès, qui décrivent la diffusion de l’argent selon une perspective eurocentrée et qui l’assimilent à la modernité, ne sont que partiellement adaptées pour décrire le commerce colonial en Amérique du Nord. L’argent, comme la mode, et cela constitue la thèse de cette contribution, obtenaient leur statut et leur valeur au sein d’un processus d’échanges interculturel et transculturel. Les autochtones peuvent être pris au sérieux comme de véritables acteurs et actrices qui commerçaient, cohabitaient et s’arrangeaient avec les colons européens selon leurs propres logiques et leurs propres pratiques.

Erschienen in: traverse 2021/1, S. 61