Depuis quelques années, la réorientation des débats scientifiques et culturels le « pictorial turn » a engendré de nouvelles approches qui pourraient avoir des conséquences méthodologiques novatrices sur les sciences historiques. En examinant l’évolution de deux techniques de visualisation médicales – la radiographie et la tomographie à résonance magnétique -, cet article s’efforce d’appréhender l’histoire comme une configuration historique ancrée dans un contexte précis de perceptions, d’appareils, d’institutions, de discours et de corps. Dans cette perspective, l’auteur analyse les conditions qui ont permis la production technique de preuves et de certitudes socio-culturelles en matière d’images corporelles. Les présupposés d’une perception, alliant des propriétés d’action et de décision, sont examinés en vue de la production de certitudes sociales et de normalités. Dès lors trois questions se posent: dans quelle mesure les techniques de visualisation peuvent-elles être reliées à des pratiques techniques et culturelles préexistantes? Quelle est la force suggestive de la proximité visuelle? Quels sont les liens entre « standardisation » au niveau de la production et normalisation au niveau de la réception d’images qui, dans des conditions historiques données, paraissent garantes de certitudes sociotechniques?
(Traduction: Thomas Busset)