Cet article examine les omissions de la mémoire de la guerre civile de 1847 auxquelles s’opposent le culte des morts et diverses fêtes nationales organisées dans les cantons suisses à la fin du XIXe siècle. L’analyse porte sur la liste des morts et des blesses au sein des troupes fédérales ainsi que sur un rapport de la Diète fixant le montant des indemnités versées par l’Etat: deux « non-lieux de mémoire » du conflit militaire de 1847. Si les ouvrages portant sur la guerre civile suggèrent le plus souvent que le conflit n’a pas été aussi terrible en raison des abrievete et du faible nombre de ses victimes, les listes établies par Karl Flügel et la répartition des secours offrent une autre image. Selon une estimation prudente, il y eut deux fois plus de soldats morts que ne le concèdent les ouvrages. La liste de K. Flügel fut également utilisée pour la distribution des secours. Morts et blesses furent classes selon les critères suivants: « honneur », « Situation familiale » et « ressources économiques ». L’honneur militaire était le critère le plus important pour établir cette Classification. En conclusion, il est permis de penser que les Souvenirs de la guerre civile de 1847 sont moins lies à la volonté de réconciliation mise en exergue par l’historiographie qu’aux montants très élevés des secours.
(Traduction: Chantal Lafontant)