Un exemple d’application de la théorie de Rationalisation des Choix Budgétaires (RCB): le service de Planification à Long Terme de la Ville de Genève (1971−1979)


La subordination des administrations publiques au pouvoir politique génère une tension naturelle entre une propension des premières à planifier au mieux sur le long terme les politiques publiques, et des mandats électifs qui poussent leurs bénéficiaires à privilégier, sinon à ne pouvoir considérer que les réalisations immédiatement visibles et politiquement exploitables. La création en ville de Genève d’un service de la planification à long terme, en 1974, est un cas unique en Suisse romande de renversement spectaculaire de la sempiternelle tension entre administration publique et pouvoir politique.
Pendant plusieurs années et jusqu’au début des années 1980, la Ville de Genève s’est dotée d’un outil administratif original, qui avait pour mission de comprendre les évolutions à long terme afin de planifier les futurs investissements, grâce à une méthode complexe, le Planning-Programming-Budgeting System (PPBS), venue des Etats-Unis.
Le grand défi des autorités genevoises de l’époque, comme d’autres, est surtout de faire face aux nombreux équipements publics que la croissance réclame : infrastructures de transports, écoles, équipements sportifs, etc. La ville est riche et les possibilités d’investissement nombreuses.
Au tout début des années 70, plusieurs motions votées par le Conseil municipal vont faciliter le développement de la PLT, qui anime surtout l’esprit d’une poignée de hauts fonctionnaires de l’administration. En l’espace de quelques années, le service de la PLT publie un volumineux rapport, synthèse de plusieurs études prospectives. Cependant, la dynamique s’enraye et le service, jamais fermé, se voit vidé de son personnel. De fait, le PPBS, méthode lourde à mettre en œuvre et complexe, n’était pas adaptée aux périodes de vaches maigres.

Erschienen in: traverse 2011/2, S. 127