De l'essor du voyage à la forme de la route. Les changements de l'espace urbain sous l'influence de la motorisation des masses

(Vom Schwung der Fahrt zur Form der Strasse. Veränderungen des städtischen Raums im Zeichen der Massenmotorisierung)

Cette contribution examine la signification des routes pour l’espace urbain. Sur la base des critères de la fonction de la route, de l’effet de la route sur l’aménagement des espaces et de l’internationalité de ce phénomène, l’on peut montrer l’impact de la route sur la vie urbaine. L’étude porte essentiellement sur les conceptions développées par les ingénieurs de la circulation. Ces derniers ont en effet dicté la manière dont devait être utilisée la surface des routes.
Il se révèle que cette attribution des fonctions a subi des changements à travers l’histoire. Ainsi les boulevards et les avenues magnifiques du 19e siècle remplissaient des tâches bien différentes allant de la promenade à pied et à cheval, aux transports et à la représentation. Dans les années 1950 et 1960, par contre, les autoroutes urbaines, qui permettaient le passage du plus grand nombre de voitures à travers la ville, étaient considérées comme les artères les plus importantes. Ce changement de paradigme du boulevard à l’autoroute urbaine n’était cependant pas définitif. Dans les années 1980, les artères monofonctionnelles étaient de nouveau abandonnées au profit des boulevards multifonctionnels.
L’une des variables principales de la construction routière est la largeur de la chaussée, qui ne cessa de s’étendre jusqu’aux années 1980. Cet élargissement des chaussées allait au détriment des zones tampons comme les pistes cyclables, les chemins piétonniers, les petits jardins, les immeubles et les espaces verts. La portée des changements causés par la primauté accordée aux automobiles ne se montrait entièrement quen prenant en considération les changements spatiaux des villes tels qu’ils sont documentés à travers les représentations iconographiques. L’essor, la dynamique de la motorisation des masses ne déterminait pas seulement la fonction, mais aussi l’espace en lui conférant des dimensions nouvelles.
La construction des routes ne peut pas entièrement être expliquée par l’accroissement absolu du nombre des automobiles dans la phase de la motorisation des masses (à partir des années 1960). Bien des routes ont été réalisées à une époque où la circulation automobile était pratiquement inexistante.
L’enthousiasme pour la construction routière dans les années 1950 et 1960 est dû à la combinaison de divers facteurs: un savoir-faire technique accru (scientific community des ingénieurs de la circulation), le calcul politique, une perception alarmiste de l’évolution du trafic automobile dans les villes (croissance relative) et enfin le désir dy créer les conditions favorables à la vie moderne. Le facteur le plus important toutefois semble être que le paradigme de l’attribution de fonctions aux routes était un phénomène international, qui a saisi la Suisse tout autant que l’Allemagne, raison pour laquelle il déploya un effet si particulier.

(Traduction: Margret Schiedt)

Erschienen in: traverse 1999/2, S. 151