«Né pour être automatisé». Discours sur la cybernétique et projets d’automation dans les chemins de fer depuis les années 1960

(«Von Haus aus zur Automation geboren». Kybernetikdiskurs und Automatisierungsprojekte der Eisenbahnen in den 1960er- und 70er-Jahren)

La communication, le contrôle et la régulation comptent parmi les éléments clés du ‹processus de production› propre au trafic ferroviaire. Dès ses débuts, ce processus constitue un système cybernétique in statu nascendi. L’article traite du discours sur la cybernétique et de la pratique d’automation dans le contexte des chemins de fer en temps de haute conjoncture. Cette dernière est marquée par la foi dans le progrès, par la réduction drastique de la mobilité et de la capacité suite au boom inattendu, et par un attrait pour les solutions de type technocratique. L’augmentation massive et inédite du trafic routier dans le transport conduisit les chemins de fers européens et suisses à une crise structurelle. Ces derniers essayèrent de la surmonter en faisant bénéficier l’ensemble du secteur économique du transport de l’aide complémentaire publique, tout en s’engageant à améliorer son adaptabilité à l’économie de marché, et par l’introduction de mesures de rationalisation et d’automation. La tenue durant les années 1960 et 1970 d’une série de congrès sur la cybernétique appliquée aux chemins de fer favorisa la construction d’un cadre discursif propre aux nombreux projets d’automation, qu’il s’agisse du recours à l’ordinateur pour la gestion ferroviaire, de la sécurisation automatisée des trains, ou encore du développement automatique du trafic de marchandises. L’auteure conclut l’article par des réflexions sur le développement de la cybernétique en milieu ferroviaire depuis les années 1990 dans le cadre du projet European Train Control System conduit par l’Union européenne, qui se révèle dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres comme une instance majeure de la standardisation des grands systèmes techniques.

Erschienen in: traverse 2009/3, S. 103