Changement dans la continuité? A propos de la politique morale de la réforme et de la confessionalisation

(Wandel durch Kontinuität? Zur Moralpolitik von Reformation und Konfessionalisierung)

Au 19e siècle, les nouveaux découpages disciplinaires des sciences inscrirent les femmes et le genre comme représentations de la Nature exclues de l’histoire. De ce fait, le lien entre l’histoire des genres et le domaine de l’historicité s’est révélé des plus difficiles jusqu’à aujourd’hui. La question de la politique morale
réformée par son rapport particulier à la temporalité fournit matière exemplaire à la discussion. La politique morale réformée et la confessionalisation, en tant que discours d’ordre et en même temps, comme medium social, étaient à la source de la construction du genre. L’intérêt discursif lancinant pour la « pureté » montre clairement que la ligne de partage entre sexualité permise et illégitime était nécessaire non seulement pour l’instauration d’un ordre, mais aussi pour son maintien durable. Dans la continuité du discours sur la pureté se joue un moment fondamental de la transformation de l’évaluation des rapports entre les sexes et donc de la compréhension de la construction de la catégorie « genre ». Cette « re-formulation » incessante empêche tout classement facile en terme de continuité et changement; elle est au contraire caractérisée par un rapport changeant et complexe des deux notions: construction et reconstruction sont liées de manière indissoluble. Sur cette base l’intérêt postmoderne pour la déconstruction et l’intérêt de l’histoire structurelle pour l’analyse à long terme de la discrimination entre les sexes, ne se contredisent plus. Ils conduisent par leur combinaison à une nouvelle évaluation de la continuité et du changement et ainsi à reformuler des périodisations comme la science historique se le propose.

(Traduction: Frédéric Sardet)

Erschienen in: traverse 2000/1, S. 23