Une patrie de papier. Représentations du territoire national pour le milieu scolaire dans les cantons de Vaud et Soleure, 1803–1845


Le premier tiers du 19e siècle voit se développer la production et la réédition de cartes et de manuels de géographie présentant non seulement des visualisations du territoire de la Suisse, mais également des descriptions des mœurs et de la culture de ses habitants – autant de supports éducatifs supposés promouvoir chez les enfants un sentiment d’appartenance à leur patrie. C’est pourtant seulement avec le triomphe du mouvement libéral de 1830/31 et les nouvelles constitutions et réformes scolaires qui en émanent que la géographie s’installe dans les écoles primaires de nombreux cantons suisses. Procédant de la foi inébranlable des élites libérales en l’éducation comme moteur du progrès, la géographie scolaire sous la Régénération a pour ambition d’offrir à tous les élèves des deux sexes un savoir utile. L’analyse des débats sur les méthodes d’enseignement, mais aussi des pratiques, révèle cependant que la branche peine à s’implanter dans les écoles faute de matériel idoine. Souvent considérée par l’historiographie comme le parent pauvre de l’histoire, la géographie n’en occupe pas moins une place tout aussi centrale dans l’éducation des citoyens. Les autorités scolaires libérales s’efforcent ainsi de promouvoir une représentation de la nation (suisse et cantonale) à la fois ordonnée et intelligible pour l’ensemble de ses citoyens.

Erschienen in: traverse 2017/1, S. 19