«Qui est qui?» La reconnaissance de l’ennemi sur les autoroutes de transit en RDA

(«Wer ist wer?» Feindaufklärung an den Transitautobahnen in der DDR)

Lors de la surveillance des autoroutes de transit en RDA, rien n’échappait à la suspicion. « Qui est qui? » était la question centrale du jeu de pistes de la police (secrète). Les gardiens de l’ordre devaient sans cesse se demander « quel ennemi se cache là-derrière? ». Cette exigence institutionnelle d’une différenciation entre ami et ennemi produisit de nombreux rapports d’observation, des photos, des films et des traîtres. Les rapports, et souvent des visualisations abstraites de l’ennemi, furent interprétés comme preuves d’une méfiance instaurée
dans la durée, que les services secrets légitimaient à l’intérieur et à l’extérieur. L’exorcisation des ennemis comportait des images diffuses de ceux-ci, images particulièrement efficaces pour maintenir le soupçon général sur tout un chacun. En outre, l’ennemi intérieur n’était guère plus simple à déterminer que l’ennemi extérieur. Le contrôle des opposants présumés au sein de la population s’exerçait sans relâche parallèlement au contrôle du trafic de transit occidental. Des policiers du peuple et des douaniers non motivés, parfois corrompus, étaient censés devenir les représentants souverains du pouvoir de l’Etat. L’exemple de la sûreté de l’Etat en RDA le montre: aucun service secret ne peut se justifier sans référence implicite aux théories de la conspiration. La croyance en des conspirations s’articulait indirectement autour des points-clés que sont la propagande étatique et la pratique de surveillance de la police (secrète).

(Traduction: Marie-Hélène Guex)

Erschienen in: traverse 0/0000, S. 85